Une approche cognitive de l’évolution des paysages culturels

Les sciences sociales visent à étudier l’organisation des sociétés humaines, ainsi que les relations sociales qui s’y déroulent. Dans la foulée des travaux fondateurs de la sociologie, les sciences sociales font le plus souvent appel à des structures sociales (ou « faits sociaux ») pour expliquer les comportements et les dynamiques sociales. Par exemple, Max Weber explique l’émergence de l’idéologie capitaliste par ses racines avec l’éthique protestante du travail [1]. Si sa validité ne fait pas débat (du moins au sein des sciences sociales), cette méthode ouvre la porte à de nombreuses questions sur ses fondations, son rapport à l’individu et le domaine de sa validité. Premièrement, puisque les individus sont capables d’innovation et de réflexivité sur leur propre situation sociale, en quoi sont-ils contraints par la structure sociale ? Deuxièmement, comment sont produites les structures sociales, et quelles dynamiques sous tendent leur évolution au cours du temps ? 

J’expose ici une approche de la relation entre structure et agentivité qui s’appuie sur les sciences cognitives. Le but de cette approche n’est pas, comme c’est le cas avec la psychologie cognitive et les approches associées [2,3], d’identifier des « lois » cognitives du comportement humain et d’y réduire les structures sociales ainsi que leur évolution. Au contraire, elle vise à décrire comment la cognition humaine produit par son activité une manière située de comprendre et naviguer le monde, et comment les rapports sociaux peuvent mener ce rapport au monde à s' »ossifier ». Les agents sociaux (individus ou institutions) héritent donc d’une certaine conception du monde, incarnée par exemple dans le langage ou les normes sociales, et agissent donc de manière à (re)produire les structures qui y sont intégrées.

L’inférence active : un modèle de la cognition

 Les sciences cognitives étudient le fonctionnement de l’esprit, le plus souvent humain, et fréquemment compris en des termes de traitement de l’information. Elles s’intéressent à la manière dont des sujets répondent à des stimulus dans des conditions expérimentales contrôlées, et cherchent à désigner des représentations ou mécanismes cognitifs expliquant les relations observées [3].

Figure 1: Modèle classique (stimulus-réponse) de la cognition. Un agent perçoit un stimuli, le catégorise, et y réagit de manière stéréotypée.

Une autre approche des sciences cognitives vise à reconstruire les dynamiques qui sous tendent la manière dont des agents comprennent et interagissent avec le monde [4,5]. De nombreuses théories peuvent s’inscrire dans cette approche, mais elles sont généralement définies par l’étude des interactions entre cerveau, corps, et environnement. Nous allons nous intéresser à une théorie particulière au sein de cet ensemble : l’inférence active. 

L’inférence active est une branche de la cognition prédictive, laquelle considère que nous percevons le monde via l’anticipation des sensations dont un agent va faire l’expérience. En d’autres termes, selon la thèse de la cognition prédictive, les agents cognitifs produisent un modèle des causes de leurs sensations (c’est-à-dire de la structure de leur environnement), et perçoivent le monde via les prédictions que fait ce modèle [6]. Ce modèle permet d’expliquer élégamment pourquoi nous percevons les différents objets qui nous entourent comme ayant des propriétés cohérentes dans le temps, permettant une expérience intégrée du monde alors que notre attention et notre physiologie ne permettent en rien de tirer cette expérience directement de ce que nous pouvons observer dans le monde [6,7]. 

L’inférence active a deux particularités vis-à-vis de la catégorie générale de la cognition prédictive. Premièrement, elle propose un mécanisme particulier pour la prédiction des sensations à venir et de l’intégration des erreurs de prédiction dans le modèle de l’agent: la minimisation de l’énergie libre variationnelle, c’est-à-dire de l’incertitude des sensations à venir [8,9,10]. Secondement, elle considère les actions de l’agent elle-même comme une conséquence du processus de prédiction. En d’autre termes, l’agent anticipe à la fois les sensations à venir et les actions qu’il va entreprendre (celles qui vont minimiser l’énergie libre variationnelle), et énacte l’action anticipée. Ici aussi, ce modèle de la cognition résout des problèmes fondamentaux dans la planification et la réalisation de l’action [11].

Par exemple, imaginez que vous avez soif et souhaitez prendre une tasse posée sur une table à côté de vous. Dans un modèle classique (cognitiviste) de la cognition, vous utilisez les informations sensorielles autour de vous pour construire un modèle complet de votre environnement. Vous décidez ensuite de votre objectif (saisir la tasse), calculez un plan moteur vous permettant d’y arriver, puis vous suivez ce plan. L’étape de construction d’un modèle du monde est très coûteuse, tout comme celle de planification, et l’étape d’exécution ne vous donne aucune marge d’ajustement si vous avez fait une erreur durant les deux étapes précédentes. 

Selon l’inférence active, vous anticipez continuellement votre expérience sensorielle et les actions que vous entreprenez, étant donné un modèle interne de la relation entre les deux. Vous n’avez pas besoin d’un modèle complet du monde, il suffit pour initier le mouvement de ressentir votre état physiologique de soif et d’anticiper que vous allez agir pour y mettre fin. Partant de cela, l’anticipation continue des sensations et des commandes motrices associée à votre action permet un ajustement souple de votre mouvement pour arriver à son résultat attendu, c’est-à-dire saisir la tasse. 

Nous n’allons pas nous attarder ici sur le fonctionnement d’architectures cognitives basées sur l’inférence active. Ce qui nous intéresse ici, c’est que si le modèle de la cognition qu’elle propose est correct, alors nous percevons le monde via les opportunités qu’il présente pour l’action (ou « affordances » [12]), et donc d’une manière intrinsèquement et profondément normative. Il n’y a pas deux étapes distinctes où nous percevons la structure « objective » du monde, puis ou nous y projetons nos valeurs via un processus de décision. Pour un agent qui a soif, une tasse d’eau est immédiatement perçue comme « bonne », au sens où elle élicite une action rapprochant l’agent de son état physiologique attendu (l’absence de soif).

Dans le cas des humains, une espèce s’appuyant largement sur la coordination sociale et l’apprentissage culturel [13,14], la normativité par laquelle nous comprenons et naviguons le monde est notamment formée par les attentes sociales que nous avons intégrées au cours de notre vie. En d’autres termes, l’espace des perceptions et des affordances dont nous faisons l’expérience forment un paysage social et culturel. Les normes sociales et les systèmes de communications développés par les sociétés humaines deviennent un élément fondamental de la manière dont leurs prenant parts perçoivent le monde, des valeurs qui déterminent leurs actions, et contraignent donc leurs représentations et leur comportement. 

Figure 2: Modèle écologique / prédictif de la cognition. Un agent perçoit le monde au travers des attentes contextuelles qu’il a développées, notamment en fonction de son histoire et de son état physiologique.

Construire les contraintes sociales 

Par le fait de l’apprentissage culturel, le paysage de perceptions et d’affordances associé à un espace social donné est toutefois largement partagé par les individus. Les normes dont il est porteur s’appliquent donc à tous les prenant part, quoique de manière hétérogène. Prenons le temps de développer ce que cela signifie. Supposons qu’un espace social particulier valorise fortement la propriété privée et le travail, et dévalorise le vol. Une vision cognitiviste pourrait porter à penser que les individus y prenant part perçoivent clairement les opportunités matérielles de vol, et choisissent de ne pas agir dessus en raison des risques impliqués ou des valeurs intrinsèques de l’individu. Si notre modèle est correct, les individus tendent plutôt à ne pas prêter attention à la possibilité même de voler, une tendance qui est renforcée à de nombreux niveaux par l’environnement matériel et social. 

Si le vol est dévalorisé, alors voler (ou même percevoir la possibilité de voler) serait incohérent avec maintenir une bonne image de soi-même. Une personne pourrait bien sûr voler en assumant une mauvaise image de soi-même, contester la norme dominante, ou bien produire une justification de son action en la présentant comme ne comptant pas vraiment comme un vol. De fait, des comportements qui relèvent légalement du vol peuvent devenir endémique lorsqu’ils sont cohérent avec l’image que les gens ont d’eux même. Par exemple, des ouvriers qui ne se verraient jamais voler dans les magasins peuvent tout à fait travailler à la perruque, c’est-à-dire utiliser leur temps et machines de travail pour des projets personnels [15]. Cela reste en effet cohérent avec leur image d’eux-mêmes comme des travailleurs gagnant honnêtement leur vie. À l’inverse, des patrons qui ne voleraient pas non plus dans des magasins peuvent tout à fait se sentir légitime à exercer des retenues sur salaire de façon arbitraire ou refuser de payer des heures supplémentaires, une pratique illégale mais cohérente avec leur rôle managérial. 

Ce qui est important ici, c’est que la norme implique (ou même constitue) une force qui éloigne les individus de comportements socialement dévalorisés. Cette force peut être surpassée par des forces antagonistes (par exemple la faim), elle peut être contournée via la construction de catégories concurrentes à celle du vol, mais elle existe dans l’espace culturel pertinent et participe à former les comportements des agents y prenant part. En effet, les normes sociales qu’un agent intègre au cours de son développement sont complètement intégrés dans l’expérience directe qu’il fait du monde, au sens où elles contraignent les états du monde auquel il est enclin à prêter attention, et donc les comportements et des représentations qu’il est en mesure de développer [16]. Ce rôle fondamental de la normativité dans l’expérience humaine implique que l’échelle des normes sociales est proprement explicative des comportements humains (au moins à un niveau statistique, de la même manière qu’un champ de force physique explique la distribution d’une population de particules – voir [17,18]). 

Dans cette description, il n’y a pas de dichotomie à faire entre structure et agentivité. Une structure ne peut pas (en elle-même) s’opposer à l’autonomie des agents sociaux, elle s’exerce par le fait même qu’elle s’intègre dans le fonctionnement cognitif des agents sociaux. Les structures sociales dérivent en effet des attentes que nous développons vis-à-vis de nous mêmes, des autres, et de notre environnement. Par construction, ces attentes ne peuvent agir directement de l’extérieur: l’agent doit pouvoir en faire l’expérience et les internaliser pour qu’elles aient un effet sur son comportement. Ce modèle reste cohérent avec une approche structuraliste, dans la mesure où il admet l’existence de structures sociales qui s' »imposent » aux individus, au sens où elles contraignent leurs représentations et leurs comportements. Toutefois, il met par construction un accent bien plus fort sur l’aspect diachronique du rapport entre structure et agentivité, c’est-à dire le déroulement au cours du temps des processus par lesquels les agents et les structures sociales évoluent. 

En effet, la manière dont les humains apprennent est par nature reconstructive. Si nous sommes bien sûr capable de nous mettre à la place d’autrui, et de comprendre des normes sociales de manière abstraite, c’est au final notre propre expérience (du moins, l’expérience que nous anticipons) qui détermine le paysage de perceptions et d’actions auquel nous avons accès. Cette dernière est ultimement produite par nos dynamiques internes, lesquelles ne sont pas strictement déterminées par le savoir de plus haut niveau portant sur les normes sociales. Les irrégularités dans l’apprentissage, tout comme les innovations intentionnelles, sont donc motrices d’une reconstruction permanente des paysages socioculturels que nous naviguons. En d’autre termes, un modèle neurocognitif satisfaisant de la manière dont une population d’humains comprend et navigue un contexte matériel, social et culturel partagé permet une description des dynamiques par lesquelles le contexte culturel lui-même se reconstruit au cours du temps.

Figure 3 : Construction participative d’un paysage socio-culturel [19]. La manière dont un agent reconstruit les normes de l’espace culturel dans lequel il évolue correspond à l’évolution du paysage socio-culturel lui-même

L’étude des paysages socio-culturels dont les humains font l’expérience transforme donc le cadre par lequel on cherche à expliquer les dynamiques sociales et culturelles. Au niveau le plus fondamental, la psychologie cognitive et les programmes qui y sont associés (dont l’évolution culturelle) vise à identifier des régularités universelles dans le comportement humain. Énoncer ces dernières est généralement comprise comme une explication suffisante de leur occurrence, et donc (indirectement) des comportements sociaux qui peuvent y être associés [3]. Dans l’approche décrite ici, nous cherchons au contraire à décrire comment des agents développent des régularités comportementales (des « normes ») dans un contexte social donné [20]. Cette tâche est par construction bien plus complexe que celle que se donne la psychologie cognitive. Toutefois, elle donne des outils concrets pour étudier le changement dans le temps des normes sociales, des langages, et des institutions, en relation avec le développement de la cognition humaine. 

En effet, la cohérence de ce cadre explicatif est menacée par le fait que le pouvoir causal des normes s’exerce au travers de leur intégration par les agents. L’existence d’un objet à travers son observation entre en conflit avec l’intuition occidental de la nature, où les objets disposent de propriétés intrinsèques préexistantes qui ne peuvent qu’être révélées par l’observation. Nous parlons pour ce régime d’existence de “réalisme participatif” [21], expression qui traduit le rôle actif de l’observateur (ici les agents sociaux) dans la construction de la structure qui sous-tend la réalité. Cela est justement ce qui permet l’évolution dans le temps des contraintes sociales: à mesure que les agents sociaux (re)construisent par leur activité les structures sociales du contexte dans lequel ils évoluent, les contraintes sous-jacents se (re)construisent également. Ce processus de reconstruction permanent est ce qui sous-tend à la fois la permanence et l’évolution des contraintes sociales, ainsi que leur inscription dans l’environnement matériel partagé par leurs participants.

Cette propriété peut être utilisée pour étudier les contraintes sociales constituant les sociétés passées. En archéologie, nous étudions habituellement des objets ou des paysages appartenant à des cultures matérielles passées, et cherchons à inférer les processus cognitifs et sociaux ayant construits ces objets d’étude. L’étude de la manière dont les flux d’attention humains sont générés, et sont contraints par l’environnement matériel, nous permet au contraire de reconstruire (certes de manière incomplète) les « formes de vie » sociales que ces objets ont participé à générer [22]. En d’autres termes, nous pouvons étudier les paysages socioculturels passés via le prisme des éléments du paysage matériel ayant survécu jusqu’à aujourd’hui. Le projet de recherche XSCAPE, lequel a financé le travail présenté ici, travaille plus généralement sur la relation entre esprit et culture matérielle, à la fois expérimentalement et telle qu’elle est décrite par le modèle de l’inférence active. Par exemple, XSCAPE cherche à étudier une relation conjecturée entre hiérarchie sociale et verticalité dans l’architecture ou la culture matérielle [23]. Ultimement, la cohérence de ce programme dépend de notre capacité à relier formellement les contraintes sur flux de l’attention des agents avec celles sur leur comportement. 

Conclusion 

Nous avons ici introduit et détaillé un modèle de l’évolution des normes sociales s’appuyant sur le modèle de l’inférence active, ou plus précisément sur la description qu’il propose de l’engagement des humains avec le paysage matériel, social et culturel qui constitue leur environnement. L’idée centrale en est que la cognition des humains est prédictive, et ce jusqu’à leur processus de décision. De ce fait, les attentes sociales que les humains ont intégré au cours de leur vie deviennent un élément fondamental de la manière dont ils comprennent le monde, et contraignent (à défaut de déterminer) leur comportement. De ce fait, les propriétés du paysage culturel partagé peuvent elles-mêmes expliquer les comportements des humains qui y prennent part. Ses propriétés agrégées influencent en effet la manière dont les agents distribuent leur attention, ce qui les amène (au moins statistiquement) à respecter certaines attentes (ou contraintes) sociales sur leurs comportements. 

Toutefois, ce paysage n’existe qu’au travers de l’activité des agents y prenant part, et des modèles du monde qu’ils développent par leur activité. De ce fait, à mesure que les agents reconstruisent un modèle cognitif de leur environnement, les propriétés du paysage culturel sont progressivement renégociées et celui-ci évolue vers des formes nouvelles. Par exemple, l’introduction du langage change fondamentalement les capacités de la cognition humaine par le simple fait de permettre d' »ancrer » les pensées dans un système symbolique communicable [24]. Cette dynamique permet donc d’expliquer l’évolution de formes sociales nouvelles via l’articulation entre l’activité située des agents et les modèles du monde qui sous-tendent cette activité. Elle amène néanmoins à poser des questions fondamentales sur le rôle des agents dans la construction de la réalité dont ils font l’expérience, ou en d’autres termes sur la définition d’un réalisme participatif [21].

Avel GUÉNIN–CARLUT, membre de Kairos Research & du projet ERC XSCAPE

Remerciement à Emilie, Marie, Nicolas et Raphaël pour la relecture

Remerciement à Hélène Bezin–Chaingy pour les illustrations

Sources :

[1] : Weber, Max. 1905. Die Protestantische Ethik Und Der “Geist” Des Kapitalismus. Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik.

[2] : Núñez, Rafael, Michael Allen, Richard Gao, Carson Miller Rigoli, Josephine Relaford-Doyle, and Arturs Semenuks. 2019. “What Happened to Cognitive Science?” Nature Human Behaviour 3 (8): 782–91. https://doi.org/10.1038/s41562-019-0626-2.

[3] : Guénin–Carlut, Avel. 2020. “Cognition in Eco, Cognition in Vitro – Measurement and Explanation in Cognitive Science,” March. https://doi.org/10.17605/OSF.IO/ERCZ6.

[4] : Varela, Francisco J. 1989. Invitation aux sciences cognitives. Seuil.

[5] : Varela, Francisco J., Evan Thompson, and Eleanor Rosch. 2016. The Embodied Mind: Cognitive Science and Human Experience. MIT Press.

[6] : Clark, Andy. 2013. “Whatever next? Predictive Brains, Situated Agents, and the Future of Cognitive Science.” Behavioral and Brain Sciences 36 (3): 181–204. https://doi.org/10.1017/S0140525X12000477.

[7] :  Walsh, Kevin S., David P. McGovern, Andy Clark, and Redmond G. O’Connell. 2020. “Evaluating the Neurophysiological Evidence for Predictive Processing as a Model of Perception.” Annals of the New York Academy of Sciences 1464 (1): 242–68. https://doi.org/10.1111/nyas.14321.

[8] : Friston, Karl. 2005. “A Theory of Cortical Responses.” Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences 360 (1456): 815–36. https://doi.org/10.1098/rstb.2005.1622.

[9] : Friston, Karl, and Stefan Kiebel. 2009. “Predictive Coding under the Free-Energy Principle.” Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences 364 (1521): 1211–21. https://doi.org/10.1098/rstb.2008.0300.

[10] : Friston, Karl, Thomas FitzGerald, Francesco Rigoli, Philipp Schwartenbeck, and Giovanni Pezzulo. 2016. “Active Inference: A Process Theory.” Neural Computation 29 (1): 1–49. https://doi.org/10.1162/NECO_a_00912.

[11] : Hipólito, Inês, Manuel Baltieri, Karl Friston, and Maxwell James Ramstead. 2021. “Embodied Skillful Performance: Where the Action Is.” Synthese, January. https://doi.org/10.1007/s11229-020-02986-5.

[12] : Bruineberg, Jelle, and Erik Rietveld. 2014. “Self-Organization, Free Energy Minimization, and Optimal Grip on a Field of Affordances.” Frontiers in Human Neuroscience 8. https://doi.org/10.3389/fnhum.2014.00599.

[13] : Tomasello, Michael, Malinda Carpenter, Josep Call, Tanya Behne, and Henrike Moll. 2005. “Understanding and Sharing Intentions: The Origins of Cultural Cognition.” Behavioral and Brain Sciences 28 (5): 675–91. https://doi.org/10.1017/S0140525X05000129.

[14] : Boyd, Robert, Peter J. Richerson, and Joseph Henrich. 2011. “The Cultural Niche: Why Social Learning Is Essential for Human Adaptation.” Proceedings of the National Academy of Sciences 108 (Supplement 2): 10918–25. https://doi.org/10.1073/pnas.1100290108.

[15] : https://fr.wikipedia.org/wiki/Travail_en_perruque

[16] : Guénin–Carlut, Avel, and Mahault Albarracin. 2023. “On Embedded Normativity – An Active Inference Account of Agency beyond Flesh.” OSF Preprints. https://doi.org/10.31219/osf.io/7x8cm.

[17] : Sengupta, Biswa, Arturo Tozzi, Gerald K. Cooray, Pamela K. Douglas, and Karl Friston. 2016. “Towards a Neuronal Gauge Theory.” PLOS Biology 14 (3): e1002400. https://doi.org/10.1371/journal.pbio.1002400.

[18] : Ramstead, Maxwell James, Dalton A. R. Sakthivadivel, Conor Heins, Magnus Koudahl, Beren Millidge, Lancelot Da Costa, Brennan Klein, and Karl Friston. 2022. “On Bayesian Mechanics: A Physics of and by Beliefs.” arXiv:2205.11543. arXiv. https://doi.org/10.48550/arXiv.2205.11543.

[19] : Guénin–Carlut, Avel, and Iona Brenac. 2023. “Social Constraints – Graphic,” March. https://osf.io/chwxm/.

[20] : Guénin–Carlut, Avel. 2022. “Cognitive Agency in Sociocultural Evolution.” OSF Preprints. https://doi.org/10.31219/osf.io/x7yr4.

[21] : Guénin–Carlut, Avel. 2022. “On Participatory Realism.” Kairos Journal, October 18, 2022. https://kairos-research.org/on-participatory-realism.

[22] : Guenin-Carlut, Avel, Ben White, and Lorena Sganzerla. 2023. “The Cognitive Archaeology of Sociocultural Lifeforms.” In ALIFE 2023: Ghost in the Machine: Proceedings of the 2023 Artificial Life Conference. MIT Press. https://doi.org/10.1162/isal_a_00670.

[23] : Criado-Boado, Felipe, Diego Alonso-Pablos, Manuel J. Blanco, Yolanda Porto, Anxo Rodríguez-Paz, Elena Cabrejas, Elena del Barrio-Álvarez, and Luis M. Martínez. 2019. “Coevolution of Visual Behaviour, the Material World and Social Complexity, Depicted by the Eye-Tracking of Archaeological Objects in Humans.” Scientific Reports 9 (1): 3985. https://doi.org/10.1038/s41598-019-39661-w.

[24] : Clark, Andy. 2006. “Language, Embodiment, and the Cognitive Niche.” Trends in Cognitive Sciences 10 (8): 370–74. https://doi.org/10.1016/j.tics.2006.06.012.