La cliodynamique, de « clio » la muse de l’histoire et de « dynamique », le mouvement, est un champ d’étude interdisciplinaire jeune à la jonction entre les sciences sociales et les sciences des systèmes, ayant pour ambition d’étudier l’histoire par l’étude des processus sociaux, économiques, écologiques et politiques qui y prennent place et de leurs interactions. Ce programme est permis par la récente émergence d’outils informatiques, statistiques et théoriques permettant de mieux d’appréhender la complexité des sociétés.
Si nous avons déjà la sociologie historique, anthropologie historique, l’économétrie, pourquoi la cliodynamique ? Le réel n’est pas constitué d’éléments au domaine d’existence distinct mais d’un continuum de phénomènes traversant les frontières spatiales, temporelles et disciplinaires. C’est pourquoi faire exister la cliodynamique en tant que programme de recherche nous semble répondre aux défis posés par les relations de causalités complexes liant les différents composants qui constituent nos sociétés et leurs évolutions – leurs histoires. Il n’est pas question cependant de rechercher des lois générales mais seulement d’établir des similarités et cartographier les éventuels processus à leur source.
La cliodynamique n’a ainsi pas vocation à remplacer la discipline historique ni ses ramifications interdisciplinaires mais à regrouper et développer l’ensemble des approches systémique et dynamiques dans la perspective d’accroître nos connaissances de l’Histoire. Nous voyons d’ailleurs dans la dualité entre événement et processus, non une opposition mais une complémentarité.
Aussi nous nous tenons fermement opposé(e)s aux démarches qui souhaiteraient se substituer aux chercheurs des disciplines, qu’elles soient sociologiques, historiques, anthropologiques ou politiques. Notre volonté est d’ancrer la pratique de la cliodynamique dans une démarche purement interdisciplinaire, où la convergence des savoirs prime sur leur confrontation. Cette conception nous semble une condition fondamentale à l’émergence d’une éthique de la recherche transdisciplinaire.
La compréhension des phénomènes à l’oeuvre au sein des sociétés passées et présentes, nous est un outil essentiel à la création d’un corpus de savoirs utiles à la compréhension du monde et à notre capacité à déterminer notre vie publique.
C’est pourquoi nous croyons résolument que la compréhension des processus socio- historiques est un ingrédient essentiel à l’existence d’une gouvernance raisonnée.